En laissant la valise dans un riad au cœur de la Médina, on part à la découverte de la ville. Marrakech est située dans le centre-sud du Maroc et se trouve à environ 150 km de la mer. Elle est la troisième ville marocaine après Casablanca et Rabat. C’est la plus importante des quatre villes impériales qui ont été construites pendant l’empire berbère-marocain. La région était habitée depuis le néolithique par des paysans d’origine berbère, mais la ville actuelle a été fondée en 1062 par Abu Bakr Ibn Umar. Les Almoravides ont fondé, au cours du XIIe siècle, un grand nombre de madrassas, d’écoles coraniques et de mosquées qui présentent des caractéristiques andalouses. La couleur rouge caractéristique des murs de la ville, érigés à la demande d’Ali Ibn Yusuf en 1122, fait que Marrakech est désormais connue sous le nom de « ville rouge ».
La place Jmena el Fna
Le cœur battant de Marrakech est la place Jmena el Fna autour de laquelle se développe la vieille ville. L’origine de la place n’est pas connue, pas plus que son nom, qui pourrait signifier aussi bien le rassemblement des défunts que la mosquée du néant. Jmena el Fna ne cesse de palpiter, à chaque heure du jour et de la nuit il y a des gens qui la peuplent. Les nombreuses calèches prêtes à vous offrir une promenade dans la ville, les artistes de rue qui, ici, tiennent leurs spectacles, les étals d’agrumes où vous pouvez vous rafraîchir avec un jus frais et les nombreux stands qui peuplent la place après le coucher du soleil où vous pouvez déguster des plats de la cuisine marocaine. La beauté de cette place est qu’elle est toujours vécue par les Marocains eux-mêmes, ce n’est pas seulement une attraction touristique. En cela, on doit dire que le Maroc m’a frappé favorablement car ils sont encore très attachés à leurs traditions.
Face à la place de la Jmena el Fna se dresse, dans toute sa majesté, la Koutoubia, la principale mosquée de Marrakech. Son nom vient du mot arabe « kutub » qui signifie libraire. Ce nom semble indiquer qu’il y avait à l’origine dans les environs un souk où l’on vendait des livres sacrés ou qu’il y avait des scribes qui aidaient les illettrés. La Koutoubia a été construite par Ali Ibn Yusuf vers 1120. À partir de 1158, le bâtiment a été remodelé par les califes successifs au cours de ces années, ce qui a donné lieu à l’un des bâtiments les plus caractéristiques de l’architecture almohavide. La mosquée a été construite sur le modèle de la mosquée Qayrawan, la plus ancienne mosquée de l’Islam, qui est devenue le modèle de tous les bâtiments religieux musulmans qui ont suivi. La mosquée peut accueillir 20 000 fidèles et est l’une des plus grandes salles de prière de l’Occident musulman : 90 mètres de long et 60 mètres de large. La salle est divisée en 17 nefs ; les nefs centrale et transversale sont plus grandes afin de créer le plan typique en forme de « T ».
Les Almohades préféraient une architecture austère et cela se reflète dans l’absence de décoration à l’intérieur de la mosquée, à l’exception du minbar datant de 1137 : haut de 3,90 m et long de 3,50 m, il a été réalisé par le maître Al-Hajj Ya’ish de Malaga, en bois de santal, ébène, ivoire et gravures en argent. Sa décoration incrustée a nécessité sept ans de travail et elle est considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’art andalou de style mauresque. L’ensemble du bâtiment a été restauré en 1990 par le ministère de la Culture.
Le minaret
Le minaret est plus ancien que la mosquée mais il n’a été achevé qu’en 1196 et c’est pour cette raison qu’il présente des décorations sur ses façades. Le matériau utilisé pour sa construction est le grès de Gueliz, il a un plan carré et mesure 69 mètres de haut. Ce minaret a inspiré les constructions de la Giralda de Séville et de la tour Hassandi de Rabat. À l’intérieur, le minaret abrite six salles superposées, entourées d’une rampe qui devait servir de chemin aux ânes transportant les matériaux de construction. Le sommet du minaret est entouré d’une balustrade crénelée qui sert de base à la lanterne de 16 m de haut et est surmontée de quatre sphères de 6 mètres de diamètre qui symbolisent la Koutoubia, la mosquée Masjid al-Haram à La Mecque, la mosquée du Prophète à Médine et la mosquée du Rocher à Jérusalem. Le minaret est finement décoré de sebka, arcs entrelacés typiques, de reliefs, de stucs et de carreaux de majolique typiques de couleurs verte et bleue. Les motifs décoratifs sont différents sur chaque côté du minaret, ce qui le rend encore plus unique.